02 avril 2015

L'expérience Sud Lipez

Uyuni, Lucie

A San Pedro de Atacama (village typique à la croisée de tant de somptueux chemins chiliens et qui voit le tourisme augmenter de 30% par an), Carlos, membre exemplaire du réseau Warmshowers, nous ouvre sa porte pour 4 jours. C'est le temps qu'il nous faudra pour récupérer des efforts précédents et préparer les suivants !
L'objectif est de remonter en véhicule à la frontière bolivienne, à 4800 mètres (pas question de grimper ça 2 fois !) et de se lancer à la découverte du Sud Lipez, région mythique pour les cyclo voyageurs, et pour les autres. Il s'agit d'emprunter la fameuse Route des Lagunes jusqu'au Salar d'Uyuni, ce qui signifie traverser des déserts, des montagnes, d'interminables vallées, de vastes étendues arides, pendant une dizaine de jours, sans ravitaillement, entre 4100 et 4900 mètres d'altitude, sur de la piste.
L'information annonçant la fermeture du passage vers l'Altiplano bolivien pour cause de neige étant démentie le 20 mars, nous décidons de partir dès le lendemain, accompagné de Rémi, Figeacois de 29 ans rencontré à San Pedro. Histoire de nous alléger un peu, nous confions un carton de nourriture sèche à un tour operator qui le déposera en jeep dans un refuge, à 3 ou 4 jours de vélo. Nous chargeons nos sacoches au maximum de leur capacité, emportons 20 litres d'eau pour 2 (point d'eau toutes les 48-72 heures sur l'itinéraire) et nous faisons déposer au col frontière avec les 3 vélos par un jeune couple de camping-caristes germano-américain. Ça caille. L'aventure dans l'aventure peut commencer.
Dix jours durant, nos montures et nos organismes seront mis à rude épreuve, dans un sublime univers de désolation et de grands espaces, impitoyable avec le corps et la tête. Nous subirons tour à tour des ascensions rocailleuses vent de face, des orages de grêle, des zones ensablées où pousser le vélo s'impose, des nuits aux températures négatives, des tempêtes de grésil, des kilomètres de tôle ondulée, une saline au sol gras, la pluie glacée, et, omniprésent, Eole, coupant comme une lame, pétrifiant. Le soleil nous gratifiera quotidiennement de divines lumières mais ne parviendra que rarement à nous réchauffer.
Allumer le réchaud dans une atmosphère de fin du monde ou achever une douloureuse vaisselle à la frontale avec de l'eau sur le point de geler sont des "désagréments" amplement compensés par le spectacle toujours renouvelé de ces hauteurs andines, immuables, émouvantes, magiques.
Lagunes irisées, ombres gigantesques, flamants roses, nuages théâtraux, pentes incandescentes, roches déchiquetées, couleurs irréelles défilent, estompant la suffocation de l'effort en altitude et la morsure du vent.
Un bain dans une source chaude et quelques nuits à l'abri en refuge ou dans un hôtel au milieu de nulle part seront une bénédiction.
San Juan de Rosario, 9ème jour, le Salar est proche. Soulagement. Le Sud Lipez, paradis infernal, a tenu pour nous sa réputation. Il nous laisse le corps fatigué et la mémoire gravée de visions inoubliables, heureux d'être allés au bout de la piste et de nous-mêmes.

CARTE










13 commentaires:

  1. Whaouuuuuuuu! ça tourne à l'exploit physique et mental ! Ravie de vous voir de retour avec nous. Reposez vous bien mes chéris. Mam.

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  2. Impressionnant !
    Total respect...
    Nous sommes enchantés de voir que tout va bien.
    Bises
    Françoise et Lucien-

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  3. Bravo! Vous l'avez fait! Toute votre vie vous garderez avec vos les images fortes de ces dix jours extrêmes. Bises à vous deux! Marc

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  4. Superbes photos ! Ça a dû être terrible niveau physique (et mental !) Chapeau bas.
    (vous ne m'en voulez pas si je vous dit que je préfère l'avoir fait en voiture ? :-))

    Bisous
    Béa

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  5. La langue française manque de superlatifs ..
    la route du Salar de Uyuni par les lagunes ça doit être
    fantastique pour l'esprit et la vue, moins pour le corps.!
    Bisous

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  6. Hourra ! "Me voici devant ma plus haute montagne et devant mon voyage le plus long .." disait le Voyageur de Nietzsche. Aujourd'hui vous enchantez votre Papithousta bien pénard au pays de la sardine , laquelle nageait vraiment ce 1er avril 2015.

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  7. Paradis infernal oui, assurément , (pour moi ça serait plutôt enfer paradisiaque, surtout en vélo et à cette altitude ! )
    On dit qu'il faut gagner son paradis : c'est fait pour vous, vous avez payé de votre personne
    Expérience rare, extrême, fa-bu-leu-se pour vous..
    Respect, admiration pour moi. !
    Bisous à tous les deux.
    Colette.

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  8. Merci!!!!!!!!!!! Bravo!!!!!!!! Ouf!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Nous aussi avons le souffle coupé, devant la puissance de la nature et de passion qui vous fait avancer.
    Et la voûte céleste, la nuit?
    On vous aime,
    Perrine, Jeffrey et Miloïg (qui est captivé par les photos et les récits lus autour du diner)

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  9. BRAVO? SUPER? FELICATATIONS POUR CETTE RUDE EPREUVE, mais que les photos sont belles !!!
    on vous embrasse et on pense bien à vous pr ce we de P^ques ! :)
    pascal and Co

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  10. Superbes photos! Ca a l air bien sympa! On est émerveillés par votre force mentale et physique depuis la première fois qu on vous a rencontré a 4800m! Continuez bien! Biz
    En attendant de vous revoir sur toulouse avec les autres photos!
    Sophie et eric et mamouth

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  11. Toujours plus haut, toujours plus fort ! Quelle splendeur ! Quelles images !
    Bravo !

    Antoine & Véro

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