28 novembre 2014

Une route d'enfer !

Vendredi 28 novembre, Frédéric

La Patagonie sous son meilleur jour...
Des paysages époustouflants à chaque virage, des ciels fabuleux, des eaux bleues, vertes, émeraude et de la caillasse infernale mais le vent dans le dos. Voilà en quelques images la route de Cochrane à Chile Chico.
Partage d'un dîner de Thanksgiving hier soir avec nos co-pédaleurs américains. Nous prenons un bateau pour Puerto Ingeniero Ibanez dans quelques heures...

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23 novembre 2014

Voilà O'Higgins

Samedi 22 novembre 2014, Frédéric

Nous l'attendions ce rafiot, il est arrivé dimanche dernier. Nous scrutions alors l'horizon depuis près de deux heures, lorsque nous est apparu notre échappatoire flottant, un simple bateau de pêche transformé pour cette occasion en embarcation de passagers, à savoir nous : une bande de neuf voyageurs sans devise monétaire locale pour payer la traversée! Et quelle traversée! Secoués tout le long sur le Lago O'Higgins comme sur l'océan, Lucie droite comme une route de Patagonie filant à l'horizon, le regard fixé sur la proue afin d'éviter le mal de lac! Et moi pas vraiment plus fier, assis dans une demi torpeur, impatient d'arriver au bout de ces trois heures d'eau à Villa O'Higgins. Une nuit dans une auberge très accueillante, une visite rapide chez le capitaine pour lui expliquer que nous le paierons par virement dès notre arrivée à Cochrane (merci à Matthew le californien pour les explications fines en espagnol), et nous voilà de nouveau en selle direction Rio Bravo à travers de nouveaux paysages somptueux et un ciel capricieux, pour "attraper" une barge qui nous emmènera à Puerto Yungay. La pire cote de graviers et de sable de notre parcours nous y attendra. Direction Cochrane, où nous sommes jusqu'à demain, une route ponctuée de prairies verdoyantes, de petites fermes agricoles, de nuages de poussières aussi quand les 4x4 croisés ne daignent pas ralentir un peu l'allure et une journée de grand soleil, la troisième en trois semaines... Cochrane est jolie, il y a de l'animation ce samedi sur la place centrale et je suis bercé par la quiétude environnante. Lucie a le nez dans la carte...

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21 novembre 2014

Dur dure

Dans l'attente d'une fenêtre météo acceptable, le départ sera finalement repoussé de 24h. Cinq nuits dans une auberge plutôt miteuse après si peu de pédalage nous ont fait bouillir... Nous nous sommes donc élancés sur la route pierreuse qui serpente entre les montagnes, suivant marécages et forêts, en direction de Candelario Mancilla, lot de trois baraques à la pointe sud du lac Lago d'El Desierto : 40 km sans gros dénivelé, dans le froid brumeux du mont Fitz Roy (que nous n'aurons jamais vu... existe-t-il vraiment ?!) suivi de douces éclaircies ô combien attendues, dévoilant les sommets enneigés, les rivières cristallines, le vert criard des prairies inondées. Clotilde, j'avais parlé aux poupées à soucis ! 
Un couple de vieillards a "campinguisé" ses quelques mètres carrés d'herbe plane au pied d'une montagne étincelante. Un ballon d'eau chauffée au feu de bois nous offrira une douche propre à faire oublier un instant les 6°C ambiants. 
Deux options pour traverser le lac et rejoindre la frontière chilienne : emprunter un sentier de randonnée de 12 km à travers la forêt de montagne ou monter dans le bateau qui part du "bout du jardin" jusqu'à la pointe nord du lac. La première idée a été testée la veille par deux jeunes cyclotouristes allemands de deux mètres dans la force de l'âge qui ont abandonné après un kilomètre devant la difficulté de l'entreprise (l'hiver s'achève à peine). 
Nous embarquerons donc sur le rafiot nos 4 vélos et nos 22 sacoches le 12 novembre à 10 heures du matin, après une "avoinée" roborative et un pliage de tente express. 
Débarqués au nord du lac, nous présentons nos passeports au poste argentin pour sortir du territoire et nous attaquons aux 6 km de sente escarpée, en pleine forêt, qui nous séparent du col frontière. L'eau ruisselante a creusé le chemin en tranchée de 50 cm de profondeur, le dénivelé et la boue compliquent l'avancée mais nous nous entraidons pour pousser les vélos chargés, décrocher puis raccrocher maintes et maintes fois les sacoches sur les porte-bagages, progresser mètre par mètre, dans la bonne humeur. Le sous-bois est jonché de beaux arbres morts, blanchis, aux formes biscornues, et tapissé de mousses presque fluorescentes. 
A trois reprises, nous franchissons pieds nus un cours d'eau grossi par la fonte des neiges, en faisant la chaîne pour porter montures et bagages. Le passage d'un marécage métamorphosera nos vélos en un tas de boue informe. Laurent, tu ne peux pas imaginer leur état, toi qui les as si longuement préparés ! 
La vue du panneau Bienvenido en Chile, au milieu des bois, nous arrachera des cris de joie ! 
La piste s'élargit alors en une route de caillasse un peu plus praticable. Une longue descente rocailleuse nous ravit les yeux, après le surnaturel de la forêt détrempée : un lac turquoise aux berges découpées sert de douve aux châteaux forts des montagnes, à perte de vue, sous un ciel tourmenté aux nuages mauves. 
Pas le moment d'avoir le souffle coupé... le précipice guette ! 
Le poste frontière chilien (une des 5 maisons du hameau) sera la dernière étape avant l'installation de la tente dans une prairie déserte, moyennant quelques pesos à une grand-mère édentée qui nous vendra aussi des œufs pour tenir le temps que le ferry pour Villa O'Higgins ne passe... 
Et c'est là que l'histoire se complique. La date de passage de ce fameux ferry a changé trois fois sur le trajet selon les interlocuteurs, sachant qu'il n'y en a qu'un par semaine et que le dernier a été annulé à cause du mauvais temps. 
Première journée ensoleillée, idyllique, dans un décor de carte postale, à nettoyer et réparer les vélos devant un lac couleur de lagon où flottent de gros icebergs bleus. 
Le ferry doit passer le surlendemain, timing presque parfait. 
La nuit suivante, une pluie diluvienne s'abat sans discontinuer sur la tente qui se contorsionne sous les assauts du vent. 
Au matin, le réchaud à pétrole fonctionne à plein régime, à l'abri dans une grange que nous n'avons pas quittée depuis. 
La prairie s'est transformée en marais, le ruisseau tout proche en rivière et une cascade déboule maintenant des rochers qui nous surplombent. 
Rapatriement des sacoches, duvets, matelas et affaires dans la grange. Abandon de la tente à son triste sort, nageant dans 5 cm d'eau. 
A 16h, la nouvelle tombe, de la bouche des deux allemands partis pêcher sous le déluge : le ferry est annulé. Peut-être mercredi, peut-être pas, Incertitude. Un couple de cyclo-voyageurs américains qui "campe" à l'embarcadère depuis 10 jours en attendant cet hypothétique navire décide de rebrousser chemin vers El Chalten. Suicidaire à notre avis. Il va nous falloir rationner les vivres, comme eux (ils mangent uniquement le pain et les œufs de la vieille dame depuis 5 jours). A suivre. Avec nos deux Allemands astucieux, on a remis en marche un vieux poêle dans l'abri. On va attendre là, espérer. C'est rude mais on va bien. Il fait 8°C. Il pleut des cordes. On est au bout du monde.

https://www.google.fr/maps/dir/El+Chalt%C3%A9n,+Province+de+Santa+Cruz,+Argentine/Candelario+Mancilla+Border+Crossing,+O'higgins,+Chili/@-49.0996098,-73.0944376,10z/data=!3m1!4b1!4m14!4m13!1m5!1m1!1s0xbdbd03fe92914231:0xc4be5aa754aefc!2m2!1d-72.886325!2d-49.3314941!1m5!1m1!1s0xbdbd8e31f9a6b671:0x56fe83e625086ca!2m2!1d-72.7422065!2d-48.8693028!3e0
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"bise" de Patagonie (en images !)

Samedi 8 novembre 2014

Nous sommes arrivés avant-hier soir à El Chalten, ville sortie de terre en 1985, terminus de la route asphaltée. Nous avons posé vélos et sacoches dans un microscopique hôtel plutôt spartiate, après avoir lutté plusieurs jours contre un vent à décoiffer un chauve (10 km/h de moyenne au maximum de nos forces...) et campé au bord de la route à l'entrée des passes à animaux, seuls endroits abrités. Partout autour des paysages sublimes. Depuis cette nuit, une pluie cinglante et glaciale, ajoutée au vent, repousse notre départ. Contrepartie : nuit au chaud, repos forcé et restos entre voyageurs ! Organisons la suite de notre départ vers Villa O'Higgins. Vélo (piste), bateau (lac), marche (chemin) puis ferry (un par semaine) à attraper coûte que coûte ! Avons la frite et sommes confiants !

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