18 février 2015

Les Andes, souveraines

Vendredi 13 février 2015, Lucie

Après un séjour forcé dans la poussière, l'agitation, la fournaise et le vacarme des grandes villes, renouer avec le camping sauvage pendant l'ascension des Andes fut une bénédiction. Partis de 800 mètres d'altitude à Los Andes, nous avons planté la tente au bord d'une rivière à 2000 mètres et terminé la grimpette le lendemain en passant la nuit dans un dortoir "là-haut", à 3000 mètres. Question altitude, c'est peu, comparé à ce qui nous attend en Bolivie, mais le différentiel a commencé à se faire sentir pendant la nuit ; on prend nos repères...
Malgré les 29 virages en tête d'épingle, passer les Andes par le col Cristo Redentor ne nous a pas paru insurmontable. La pente est relativement régulière, la route bien asphaltée et le vent ami. Le passage des 3000 km au compteur nous a rappelé que nous étions à mi-parcours de notre voyage (et plutôt à la bourre si on vise les 6000 mais peu importe...) et la majesté du paysage pourquoi nous l'avons entrepris.
Afin de franchir en toute sécurité le tunnel de 3 km qui débouche sur le côté argentin, nous ferons une heure et demie de stop au sommet, dans le vent fou, avant de comprendre qu'une camionnette servait spécialement au transfert...
Nous avons passé la frontière et la douane 24h avant expiration de notre droit de séjour sur le sol chilien; les passeports flambant neufs sans tampon d'entrée nous ont valu quelques longueurs dans les explications, aussitôt oubliées devant le spectacle de la descente. Un autre monde s'est ouvert à nous, très minéral, peuplé de pierriers gigantesques, de sommets acérés, de failles verticales, de pentes aux dégradés d'ocre et de bronze, de canyons et de perspectives sur l'Aconcagua enneigé (6962 mètres).
Tout petits et émerveillés, nous nous sommes laissés glisser le long de cette route sinueuse et sublime jusqu'à un carré plat au pied d'un arbre unique, plus bel endroit jamais choisi, de mémoire de tente. Visez plutôt le coin inférieur droit de la quatorzième photo...
A Uspallata (premier commerce de vivres depuis 4 jours, ouf !), nous décidons de ne pas continuer vers Mendoza. L'idée d'un nouveau séjour, même court, dans une zone urbanisée à outrance et potentiellement dangereuse nous effraie, nous rebute.
Après une recherche de change via le marché bleu, la prise de renseignements sur les routes existantes (certaines de la carte ont disparu...), les possibilités de ravitaillement, les points d'eau et le plein de victuailles pour trois jours, nous filons plein nord, dans la pampa, à proprement parler. Il fait très chaud, mais nous sommes lestés de 16 litres d'eau. Le bitume cède la place au ripio qui ne nous avait pas manqué ; il ne nous reste qu'à suivre ce long ruban plat qui part tout droit aussi loin que le regard peut porter. Paysage quasi-symétrique de part et d'autre : cailloux, plaine à la végétation arbustive et éparse, quelques guanacos et enfilades de montagnes bienveillantes en encadrement. A la fin d'une journée torride, l'orage nous épargnera de justesse.
Nous nous souviendrons longtemps du silence de la nuit dans ce nulle-part et de la  multitude de la voûte étoilée.
Deux jours ont suffi pour atteindre Barreal, oasis de verdure et de fraîcheur où nous nous posons dans un tout petit camping arboré, à l'ombre d'un pommier. Demain, un programme clément nous mènera à Calingasta, dernière étape avant deux jours plus ardus (minimum 30 km de montée d'affilée, pas de nourriture, pas d'eau) pour rejoindre la célèbre route 40. 
Bruit mat de chute au sol. Je tends le bras... Mmm, elle est croquante, juteuse et sucrée.

CARTE






10 commentaires:

  1. Coucou,
    Le post vient d'arriver, le mail disant qu'on peut skyper il y a une heure....mais déjà ça ne répond plus ! repartis vers d'autres routes ?
    J'aime le ton positif de ta prose ma Lucie, je savais que vous le retrouveriez ! Baisers tendres à tous les deux.
    Mam.

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  2. Hello Lucie et Fred,
    content de lire de vos nouvelles. Je suis vraiment désolé pour vous avec cette histoire de vol. J'espère que vous avez un peu retrouvé votre âme d'aventuriers pour la suite du voyage :) Les paysages sont toujours aussi magnifiques. Profitez-en !
    Bon courage pour les grimpettes dans les montagnes.
    Pleins de bises à vous.

    Fred le Pango
    Ps : message envoyé des Antilles où je bosse actuellement sur des voiliers :)

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  3. Que c'est beauuuuu !

    Et ce n'est que le début du reste du voyage :-)

    Biz
    Béa

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    1. Les paysages sont sublimes et vous les rendez bien vivants avec vos photos, vos commentaires (en un mot votre regard), merci encore de nous faire rever grâce à ce blog, bises, Ml et Vt

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  4. Papa: Saisissants contrastes entre ces Andes dressées vives et nues et la signature humaine de cette route. Adam et Eve au paradis dans une oasis sous un pommier , loin de tout et si proches de nos cœurs ... On s'est demandé, avec Google map, quelle serait votre route vers cette route '40' , en Argentine. Cà grimpe à travers les monts et merveilles .

    Perrine: Quel plaisir de découvrir ensemble votre dernier post (de Dz, ou Milo et moi sommes en escale ravitaillement paternel) et de rentrer dans le détail des cartes! papa me dit que vous êtes à la même latitude que Marrakech.
    Plein d'admiration, et de questions...dont nous n'auront pas toutes les réponses en direct!
    Avez vous retrouvé une tablette? Quel appareil prend ces photos sublimes? Comment vont vos épaules sur les ripios?
    Magdalena a parcouru avec nous votre blog la semaine passée à Paris. Elle m'a dit que le mot RRipio revenanait beaucoup dans le récit de tes aventures passées.;;;
    On vous embrasse.

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  5. Toujours un plaisir que de vous lire et regarder vos belles photos. Ça donne vraiment envie de se bouger et d'entreprendre ce que nous remettons toujours au lendemain. Enfin nous, surtout -je-. :-) On vous embrasse bien fort. Rozenn et Fred.

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  6. C'est reparti de plus belle ..... on oubli les mauvais moment ........ pensez a ses paysages sublimes que vous traversé .........un souvenir a vous pour toujours ........Aujourd'hui pres de lyon il neige ............ Continuez bien Bisous Lili

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  7. Salut les amis,
    Je n'avais pas lu votre blog depuis quelques temps et quelle tristesse de voir ce qu'il vous est arrivé fin Janvier. Il y a vraiment mieux pour fêter les 40 ans de Fred. J'imagine votre abattement pendant vos trois semaines d'arrêt forcé dans l'attente de vos papiers. Maintenant votre périple a repris et j'espère que la déception s'efface au profit de l'émerveillement maintenant que vous tutoyez les géants des Andes... et retrouvez la magies des ciels étoilés comme jamais! Et puis je vois que l'esprit bienveillant du yoga est toujours avec vous, ça ne peut que vous renforcer :-)
    Alors même si c'est avec un peu de retard je te souhaite un heureux anniversaire Fred!
    Je pense fort à vous et vous souhaite le meilleur pour la suite, et merde aux désagréments du passé, maintenant ce n'est plus que du plaisir qui vous attend la haut! sur la mythique Ruta 40 !
    Denis

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  8. Lire de vos nouvelles donne des fourmis dans les jambes. Ici on roule aussi bien sûr, mais rien de mythique :)
    Bises à tous les deux!
    Marc

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  9. Punaise, sans eau ni nourriture sur une telle distance, c'est hard ! Époustouflante aventure, j'imagine que l'on en revient différent...
    D kiss, Dravidcoquette

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